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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/264

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bien rétabli, et, Dieu aidant, je vivrai encore assez pour voir réprimer cette malheureuse rébellion. Elle s’arrêta, regarda en souriant le jeune couple qui était près de son lit et ajouta : — Cécile m’a tout dit, major Lincoln.

— Pas absolument tout, chère Mrs Lechmere, interrompit Lionel : j’ai quelque chose encore à ajouter ; et j’avouerai d’abord que je compte sur votre bonté pour appuyer mes prétentions.

— Vos prétentions ! oh ! ce mot n’est pas convenable, cousin Lionel ; lorsqu’il y a entre vous une parfaite égalité de naissance, d’éducation, de vertu, et je dirai même de fortune, eu égard à la différence des sexes, vous pourriez justement parler de vos droits. Des prétentions ! en vérité c’est par trop de modestie. Cécile, mon enfant, allez dans ma bibliothèque ; dans le petit tiroir secret de mon écritoire, vous trouverez un petit papier portant votre nom ; lisez-le, mon amour, et apportez-le-moi.

Mrs Lechmere fit signe à Lionel de s’asseoir, et reprit la conversation dès que Cécile eut refermé la porte sur elle.

— Comme nous avons à parler d’affaires, major Lincoln, j’ai voulu épargner un peu de confusion à la pauvre enfant. Quelle est la faveur particulière que vous désirez recevoir de moi ?

— Comme tous les solliciteurs opiniâtres, vos bontés n’ont fait que m’encourager à vous en demander de nouvelles. Je viens vous supplier de m’accorder le plus tôt possible le dernier et le plus grand de tous les dons.

— Ma petite fille, n’est-ce pas ? Bannissons entre nous une réserve inutile, cousin Lionel, car vous vous rappelez que moi aussi je suis une Lincoln. Parlons franchement, comme deux amis rassemblés pour prononcer sur un sujet qui les intéresse également.

— Tel est mon vœu le plus cher, Madame. J’ai fait valoir auprès de miss Dynevor les périls qui nous entourent, et la situation critique du pays ; ces raisons sont plus que suffisantes pour justifier le désir que j’ai de voir serrer nos nœuds sans retard.

— Et Cécile ?

— Cécile s’est montrée ce qu’elle est toujours, bonne, mais obéissante. Elle s’en rapporte tout à fait à votre décision, qui seule la guidera.

Mrs Lechmere resta quelques minutes sans répondre, et sa physionomie exprimait toute l’agitation de son cœur. Ce n’était sûre-