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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/287

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-ils tous placés, que la voix basse et imposante du ministre se fit entendre au milieu du calme de la chapelle.

La solennité de l’heure et la solitude presque effrayante de l’église avaient inspiré le docteur Liturgy. L’exhortation qui précède la bénédiction nuptiale fut prononcée avec une onction remarquable ; il faisait de longues et fréquentes pauses entre les membres de phrases qui la composaient ; mais, lorsqu’il en vint à ces mots :

— Si quelqu’un connaît quelque juste raison qui s’oppose à l’accomplissement de ce mariage, qu’il parle maintenant, ou qu’autrement il se taise à jamais !

Il éleva la voix et promena ses regards dans les parties les plus reculées de la chapelle, comme s’il se fût adressé à une multitude d’êtres cachés dans les ténèbres. Les assistants suivirent involontairement la direction de ses yeux, et un moment d’attente pénible, que le caractère imposant de cette scène pouvait seul expliquer, suivit le dernier son de sa voix, qui était allé mourir au sein des voûtes retentissantes.

Au moment où, rassurés par le silence, tous s’étaient retournés vers l’autel, une grande ombre s’éleva du milieu de la galerie supérieure, parut grandir jusqu’au plafond, et de là cet être gigantesque sembla, comme le génie du mal, planer au-dessus du jeune couple.

Le ministre suspendit la prière qu’il commençait, et Cécile saisit le bras de Lionel avec un mouvement convulsif, tandis qu’un frémissement involontaire l’agitait.

L’ombre se retira alors lentement, après avoir fait un grand geste avec le bras, qui se dessina le long de la voûte, et ensuite sur la muraille, jusqu’à l’endroit où étaient les jeunes époux.

— Si quelqu’un connaît quelque juste raison qui s’oppose à l’accomplissement de ce mariage, qu’il parle maintenant, ou qu’autrement il se taise à jamais ! répéta le prêtre à haute voix, comme s’il voulait interpeller tout l’univers.

L’ombre se leva de nouveau, et pour cette fois on put distinguer les proportions monstrueuses d’une figure humaine à laquelle il n’était pas difficile, dans un pareil moment, de croire trouver de l’expression et même de la vie. Ses traits fortement marqués portaient l’empreinte d’une émotion puissante, et ses lèvres semblaient s’ouvrir, comme si l’être aérien prononçait des paroles qui