Aller au contenu

Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/314

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sance du bien et du mal. Il faudrait qu’il eût été frappé cruellement du sceau de la réprobation divine l’enfant qui, né à Boston, n’aurait pas reçu de sa mère des principes d’honneur et de vertu.

— Permettez-moi, belle Agnès, de ne point partager votre admiration pour des principes grâce auxquels on peut se livrer paisiblement à l’œuvre importante de la déglutition, puis l’instant d’après tourner ses griffes contre son camarade.

— Mais qu’est-ce que tout cela a de commun avec l’absence de Lionel ?

— C’est une preuve que Job Pray est venu récemment dans sa chambre, car quel autre que lui y eût apporté le hausse-col ?

— C’est une preuve en effet des relations singulières qui existent entre le major Lincoln et l’idiot, dit Agnès en réfléchissant ; mais cette circonstance ne nous donne aucune lumière sur sa disparition. C’est d’un vieillard que ma cousine parlait dans ses phrases incohérentes.

— Je gagerais ma vie, belle Agnès, que si le major Lincoln est parti mystérieusement cette nuit, c’était ce garnement qui lui servait de guide. Je les ai trouvés plus d’une fois en conférence intime ensemble.

— Eh bien donc, s’il est assez faible pour abandonner une femme telle que ma cousine à l’instigation d’un fou, il ne mérite pas une seule de nos pensées.

Agnès devint rouge en prononçant ces paroles, et la manière dont elle détourna la conversation prouvait qu’elle ressentait vivement l’injure faite à Cécile.

La situation particulière de la ville, l’absence de tous ses parents, engagèrent bientôt miss Danforth à écouter les offres réitérées de service du capitaine, et elle finit par les accepter. Leur conférence fut longue et confidentielle, et Polwarth ne se retira que lorsque les premiers rayons du jour commencèrent à paraître. Au moment où il partit pour retourner chez lui, on n’avait encore reçu aucune nouvelle de Lionel, et il devenait certain que son absence était l’effet d’une volonté marquée. Le capitaine se mit donc en devoir de donner sur-le-champ les ordres nécessaires pour l’enterrement de la défunte. Il avait combiné d’avance avec Agnès tous les arrangements à prendre en pareil cas, et il ne lui restait que les embarras de l’exécution. Ils étaient tombés d’accord ensemble que l’état de siège de la place et cer-