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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/41

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la riche maison de Lincoln. Il serait étrange qu’une personne qui a l’honneur d’appartenir à cette noble famille ne reçût pas son représentant avec les égards qui lui sont dus.

Le jeune homme, sentant qu’on en avait dit assez sur ce sujet, résolut de donner un autre tour à la conversation, et baisa respectueusement la main de Mrs Lechmere. En relevant la tête, il aperçut une jeune personne que la draperie des rideaux de la croisée l’avait empêché de remarquer d’abord. S’avançant vers elle, il dit avec vivacité, pour empêcher la vieille dame de reprendre l’entretien :

— Je présume que j’ai l’honneur de voir miss Dynevor, dont je suis aussi le cousin.

— Vous vous trompez, major Lincoln ; mais, quoiqu’elle ne soit pas ma petite-fille, Agnès Danforth est votre parente au même degré, puisque c’est la fille de feu ma nièce.

— Mes yeux et non mon cœur m’avaient donc trompé, dit le jeune militaire, et j’espère que miss Danforth me permettra de l’appeler ma cousine.

Une simple inclination de tête fut la seule réponse qu’il obtint, quoique Agnès ne refusât pas la main qu’il lui offrit en la saluant. Après quelques phrases sur le plaisir qu’ils avaient à se trouver ensemble, Mrs Lechmere engagea son jeune parent à s’asseoir, et une conversation plus suivie s’engagea.

— Je suis charmée de voir que vous ne nous ayez pas oubliées, cousin Lionel, dit Mrs Lechmere ; cette province éloignée offre si peu de rapports avec la mère-patrie, que je craignais que vous n’eussiez perdu jusqu’au moindre souvenir des lieux où vous avez reçu la vie.

— Je trouve la ville bien changée, il est vrai ; cependant j’ai traversé divers endroits que je me suis parfaitement rappelés, quoique l’absence, et l’habitude de voir des pays étrangers, aient un peu diminué l’admiration que m’inspiraient dans mon enfance les monuments de Boston.

— Il est certain que la splendeur de la cour britannique a dû singulièrement nous nuire dans votre esprit, et nous avons bien peu de monuments qui puissent attirer l’attention du voyageur étranger. On dit par tradition dans notre famille que votre château, dans le Devonshire, est aussi grand que les douze plus beaux édifices de Boston ; et nous sommes fiers de le dire, le roi n’est