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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/77

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imposer de nouvelles restrictions ; et le bruit se répandait aussi, comme on l’a déjà vu, que l’Angleterre envoyait une nouvelle force et de nouveaux régiments pour faire respecter ses lois.

Il restait à savoir si un État pouvait rester longtemps dans une position aussi précaire, quoiqu’il eût encore été difficile de prévoir quand et de quelle manière il en sortirait. Les colons semblaient sommeiller ; mais, en soldats prudents, on pouvait dire qu’ils dormaient sur leurs armes, tandis que les troupes prenaient tous les jours un air plus martial et une attitude plus imposante. Cependant les deux partis continuaient encore à manifester une répugnance honorable à en venir à l’effusion du sang.




CHAPITRE VI.


Que n’a-t-il plus d’embonpoint ! mais je ne crains guère : il sourit rarement, et son sourire est tel qu’on dirait qu’il se moque de lui-même et méprise son esprit qui est capable de sourire de quelque chose.
Shaspeare. Jules César.


Pendant la semaine suivante Lionel apprit plusieurs circonstances moins importantes que les faits dont nous venons de parler, mais qui en étaient la suite naturelle, et dont les détails excéderaient les bornes de cette histoire. Il avait été reçu par ses frères d’armes avec cette cordialité qu’un compagnon riche, aimable et plein d’aisance, sinon jovial, était sur de trouver chez des hommes qui ne respiraient que le plaisir. Le premier jour de la semaine, un mouvement extraordinaire s’était opéré parmi les troupes ; des changements, des promotions avaient eu lieu, et Lionel lui-même y fut compris. Au lieu de rentrer dans les rangs de son régiment, il avait reçu ordre de se tenir prêt à prendre le commandement du corps d’infanterie légère qu’on exerçait au genre de service auquel est propre ce genre de troupe. Comme tout le monde savait que le major Lincoln était né à Boston, le commandant en chef, par suite de l’indulgence et de la bonté qui lui étaient naturelles, lui avait permis de différer d’entrer en fonc-