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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 4, 1839.djvu/90

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professions les plus hardies des principes constitutionnels, et elles furent adoptées sans la moindre opposition, mais avec un calme qui ne semblait pas annoncer qu’ils y prissent un bien vif intérêt. Lionel fut particulièrement frappé de la manière dont ces propositions étaient rédigées ; l’élégance du style, la pureté des expressions prouvaient assez clairement que l’honnête artisan qui en avait été le rédacteur, et qui s’était égaré dans plusieurs de ses périodes, n’était pas encore bien au fait de l’instrument qu’il avait essayé de manier, et que s’il en connaissait l’usage, cette connaissance était tout à fait récente, et n’était rien moins qu’intime.

Les yeux du jeune officier erraient de l’un à l’autre dans l’espoir de découvrir les moteurs secrets de la réunion dont il était le témoin, et il ne fut pas longtemps sans distinguer un individu qui lui parut devoir attirer particulièrement ses soupçons. C’était un homme qui semblait à peine au milieu de sa carrière, et dont l’extérieur, ainsi que les parties de son habillement qu’on entrevoyait sous le manteau dont il était couvert, annonçait qu’il était d’une classe plus élevée que le reste de l’assemblée. Ceux qui l’entouraient lui témoignaient un respect profond, sans être servile, et une ou deux fois il s’établit des conversations secrètes et animées entre lui et les autres chefs apparents ; c’était même ce qui d’abord l’avait fait remarquer de Lionel.

Malgré la répugnance naturelle que Lionel éprouvait pour un homme qui abusait ainsi de son ascendant pour entraîner ses concitoyens à des actes d’insubordination, il ne put s’empêcher d’être frappé du caractère de franchise et d’intrépidité empreint dans tous ses traits. Il était placé de manière à l’avoir constamment en vue, quoique ceux qui l’entouraient fussent en général plus grands que lui ; le soin avec lequel il suivait tous ses mouvements ne tarda pas à attirer l’attention de l’inconnu. Ils continuèrent à s’observer l’un l’autre pendant le reste de la soirée, jusqu’à ce que celui qui semblait exercer les fonctions de président déclarât que l’objet de la convocation étant rempli, la séance était levée, et que l’assemblée pouvait se séparer.

Lionel, qui était resté appuyé contre un mur, se leva aussitôt, et se laissa entraîner par le torrent jusqu’au passage étroit par lequel il était entré dans la salle. Il s’arrêta alors un moment pour chercher à retrouver son compagnon qu’il avait perdu, et aussi dans le dessein d’examiner de plus près les actions de