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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/11

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PRÉFACE
DE LA PREMIÈRE ÉDITION.




à monsieur charles wiley, libraire.


Chaque homme est plus ou moins le jouet du hasard, et je ne sache pas que les auteurs soient nullement exempts de cette influence humiliante. Voici le troisième de mes romans[1], et il dépend de deux conditions incertaines que ce soit le dernier : l’une est l’opinion publique, et l’autre mon propre caprice. J’écrivis mon premier livre parce qu’on m’avait dit que je ne pourrais composer un livre sérieux, et pour prouver au monde qu’il ne me connaissait pas je fis un roman si sérieux que personne ne voulut le lire, d’où je conclus que j’eus raison complètement. Mon second livre fut écrit pour essayer de triompher de cette indifférence des lecteurs. Jusqu’à quel point ai-je réussi ? Monsieur Charles Wiley, c’est ce qui doit rester toujours un secret entre nous. Le troisième a été enfin composé exclusivement dans le but de me plaire à moi-même ; de sorte qu’il ne serait pas étonnant qu’il déplût à tout le monde, excepté moi ; car qui a jamais pensé comme les autres sur un sujet d’imagination ?

J’estimerais la critique la perfection de l’esprit humain, s’il

  1. Les deux premiers romans de M. Fenimore Cooper sont Précaution et l’Espion. Nous avons dû changer leur ordre depuis qu’en composant le Dernier des Mohicans et la Prairie l’auteur a complété en trois ouvrages l’histoire d’un seul homme.