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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/118

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et les maximes d’une théologie philosophique ; enfin elle nous apprend à soumettre l’examen de notre conscience à l’épreuve des bonnes œuvres. Par bonnes œuvres il faut entendre les fruits du repentir, dont le premier est la charité, non pas seulement cette charité qui nous porte à consoler l’affligé, à soulager celui qui est dans le besoin, mais ce sentiment de philanthropie universelle qui nous fait juger les autres avec indulgence, et qui nous défend de les condamner, quand nous ignorons si nous-mêmes nous serons absous.

Notre humilité doit encore puiser une autre leçon dans la contemplation du même sujet. En ce qui concerne les points principaux et essentiels, de la foi, il y a peu de différence d’opinion parmi ces classes de chrétiens qui reconnaissent les attributs du Sauveur, et qui comptent sur sa médiation. Mais des hérésies ont souillé toutes les Églises, et, des schismes sont nés de l’argumentation. Pour arrêter ces dangers, et pour assurer l’union de ses disciples, Jésus-Christ a établi son Église visible et en a institué les ministres. Des hommes recommandables par leur science, leur sagesse et leur sainteté, ont travaillé à tirer des obscurités du langage ce qui était révélé, et les résultats de leurs recherches et de leur expérience ont formé un corps de discipline évangélique. Que cette discipline doive être salutaire, c’est ce que la faiblesse de la nature humaine rend évident ; qu’elle puisse nous être profitable, ainsi qu’à tous ceux qui en suivent les préceptes et la liturgie, c’est ce que nous devons prier Dieu, dans sa sagesse, infinie, de nous accorder ; et maintenant, mes frères, etc., etc. »

Ce fut par cette allusion ingénieuse à son ministère et aux formes de son Église que M. Grant termina son discours, et il fut écouté avec l’attention la plus profonde, quoique les prières n’eussent pas été accueillies avec le même respect. Ce n’était point par un sentiment de mépris pour cette liturgie dont avait voulu parler le ministre, mais plutôt par l’habitude d’un peuple qui devait son existence comme nation à une doctrine tout opposée. Hiram et deux ou trois autres membres de la conférence échangèrent entre eux à la vérité un regard de mécontentement, mais ce sentiment ne fut pas contagieux, et la congrégation, après avoir reçu la bénédiction du ministre, se dispersa en silence et avec le plus grand recueillement.