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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 6, 1839.djvu/28

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retournerai chez vous, et je vous rapporterai un quartier du daim pour dîner le jour de Noël.

Il fut interrompu par Natty, qui, mettant un doigt sur sa bouche pour lui imposer silence, avança doucement sur le bord de la route, les yeux fixés sur le sommet d’un pin. Armant son fusil, et reculant le pied droit, il appuya son arme sur son épaule et en dirigea le bout vers les dernières branches de l’arbre. Ce mouvement attira les regards des voyageurs assis dans le sleigh, qui découvrirent bientôt le but que Natty se proposait d’atteindre. C’était un oiseau de la grosseur d’une volaille ordinaire, qui, le corps placé derrière le tronc du pin, ne laissait voir que sa tête et son cou. Le coup partit, et l’oiseau tomba sur la neige au pied de l’arbre.

— Tout beau, Hector ! tout beau, vieux coquin ! cria Natty à son chien qui s’élançait sur sa proie, et qui, à la voix de son maître, revint sur-le-champ se coucher à ses pieds. Il rechargea fort tranquillement son fusil ; après quoi, ayant ramassé son gibier, il montra l’oiseau sans tête aux voyageurs.

— Voilà qui vaudra mieux que de la venaison pour le dîner de Noël d’un vieillard, s’écria-t-il. Eh bien ! juge, croyez-vous qu’un de vos fusils de chasse abattrait ainsi un oiseau, sans lui toucher une plume ? Il ouvrit la bouche dans toute sa largeur pour rire d’un air de triomphe ; mais sa manière de rire était singulière, et ne produisait d’autre bruit qu’une espèce de sifflement qui partait de son gosier, comme si sa respiration eût été gênée. — Adieu, jeune homme, ajouta-t-il, n’oubliez pas l’Indien John ; ses herbes valent mieux que tous les onguents des docteurs.

À ces mots, il se détourna et s’enfonça dans la forêt, avançant à pas précipités, de sorte qu’on n’aurait pu dire s’il marchait ou s’il trottait. Le sleigh se mit aussi en marche. Les voyageurs le suivirent des yeux pendant quelques instants ; mais bientôt le sleigh ayant pris une autre direction, Bas-de-Cuir disparut à leurs regards, ainsi que les deux chiens qui l’accompagnaient.