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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/174

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du rocher ; mais voici quelqu’un qui connaît peut-être mieux que moi les moyens secrets de monter jusqu’à vous.

— Hélène ! Hélène Wade ! s’écria Paul Hover qui s’était avancé près du docteur, sans rien montrer de l’inquiétude qui agitait visiblement celui-ci ; je ne n’attendais pas à trouver en vous un ennemi.

— Je ne le serai pas, quand vous me demanderez ce que je puis accorder sans trahison et sans déshonneur. Vous savez que mon oncle a confié sa famille a mes soins ; trahirai-je sa confiance jusqu’à souffrir que ses plus cruels ennemis viennent peut-être assassiner ses enfants, et lui enlever le peu que les Indiens lui ont laissé ?

— Suis-je un assassin, Hélène ? — Ce vieillard, cet officier au service des États-Unis, ajouta Paul en montrant le Trappeur et Middleton qui venaient de se joindre à eux, vous paraissent-ils mériter un pareil nom ?

— Mais que demandez-vous donc ? s’écria Hélène en se tordant les mains, dans le plus cruel embarras.

— La bête, rien de plus que la bête dangereuse et carnivore que cache Ismaël.

— Excellente jeune femme, commença étranger que nous avons vu arriver tout récemment dans la Prairie ; mais il fut interrompu par un signe expressif du Trappeur, qui lui dit en même temps à l’oreille :

— Laissez parler ce jeune homme. La nature agira dans le cœur de la jeune fille, et nous arriverons à notre but avec le temps.

— Il faut dire toute la vérité, Hélène, continua Paul, nous avons découvert les trames secrètes et criminelles d’Ismaël, et nous venons pour rendre justice à celle qu’il tient emprisonnée, et la remettre en liberté. Si vous avez un cœur tel que je l’ai toujours cru, vous essaimerez avec nous sans qu’il soit nécessaire de jeter de la poussière pour vous effrayer, et vous abandonnerez le vieil Ismaël, sa ruche et ses mouches.

— J’ai prêté un serment solennel…

— Un serment prêté dans l’ignorance, ou arraché par la force, est nul aux yeux de tous les bons moralistes, s’écria le docteur.

— Chut ! chut ! dit encore le Trappeur ; laissez agir la nature, laissez faire le jeune homme.

— J’ai fait serment en présence et au nom de celui qui est le fondement et la règle de tout ce qui est juste, soit en morale, soit