Augustin, sans lui parler de ses espérances ni de ses craintes, et, parvenus au point qui lui avait été indiqué, il commença sa poursuite dans le désert. Il ne lui fut pas difficile de suivre la piste d’un cortège tel que celui d’Ismaël tant qu’il fut dans les limites ordinaires des habitations ; mais quand il reconnut que les émigrants les avaient dépassées cette circonstance augmenta naturellement ses soupçons, et donna une nouvelle force à son espoir de réussir.
N’ayant plus à espérer de pouvoir obtenir des renseignements verbaux dans les solitudes où il entrait, l’époux inquiet ne put compter que sur les signes ordinaires qui indiquaient le passage de ceux qu’il poursuivait. Cette tâche fut assez facile jusqu’à ce qu’il fût arrivé sur les Prairies, dont le sol dur ne conservait aucune empreinte de leur marche. Il s’y trouva donc complètement en défaut, et il crut devoir faire marcher isolément sur les différentes directions tous ceux qui l’accompagnaient, après leur avoir fixé un rendez-vous à un jour assez éloigné, afin de tâcher de retrouver la trace qu’il avait perdue, en multipliant pour ainsi dire le nombre des yeux. Il était seul depuis huit jours quand le hasard lui fit rencontrer le Trappeur et le chasseur d’abeilles. Nous avons rapporté une partie de leur entrevue, et le lecteur peut aisément se figurer les explications qui suivirent le récit que leur fit Middleton, et qui l’aidèrent, comme on l’a déjà vu, à retrouver son épouse.
CHAPITRE XVI.
ne heure s’était passée en questions faites à la hâte et presque
incohérentes, en réponses qui ne l’étaient pas moins, avant que
Middleton, qui regardait le trésor qu’il venait de recouvrer avec
cette sorte d’inquiétude jalouse qu’éprouve un avare en veillant
sur son coffre-fort, terminât la relation décousue de son expédition,
en demandant à son épouse :