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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/235

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Middleton s’était déjà détourné de ce spectacle pour en chercher un autre qui lui plaisait davantage, la vue de sa jeune et charmante épouse. Paul saisit le docteur par le bras, et le Trappeur les ayant suivis le plus promptement possible, ils se trouvèrent bientôt tous à l’abri des regards, dans le petit bois. Après leur avoir expliqué en peu de mots ses idées sur le nouveau danger qui se présentait, le vieillard à qui le soin de diriger tous les mouvements de la petite troupe était abandonné par déférence pour sa longue expérience, continua son discours en ces termes :

— Nous sommes, comme vous devez le savoir, dans une contrée où la force l’emporte sur le droit, et où la loi des blancs est aussi peu connue qu’on en a peu besoin ; ainsi tout dépend maintenant du jugement et de la force. Si l’on pouvait, ajouta-t-il en allongeant un doigt sur sa joue, en homme qui examinait avec attention tous les côtés de la situation embarrassante dans laquelle ils se trouvaient ; si l’on pouvait imaginer quelque chose pour que ces Sioux et la nichée du squatter se prissent aux cheveux, nous pourrions survenir comme les buses après le combat, et trouver quelque chose à glaner. — D’une autre part, les Pawnies ne sont pas bien loin, la chose est certaine, car ce jeune guerrier n’est pas sans motif à une si grande distance de son village. Voilà donc quatre partis différents à portée d’entendre le bruit d’un coup de canon, et pas un ne peut se fier à l’autre. Tout cela rend nos mouvements difficiles dans un pays où les lieux couverts ne sont pas nombreux. Mais nous sommes trois hommes bien armés, et j’ose dire ne manquant pas de courage.

— Dites quatre, s’écria Paul.

— Comment dites-vous ? demanda le vieillard en levant les yeux pour la première fois sur ses compagnons.

— Je dis que nous sommes quatre, répéta Paul en lui montrant le naturaliste.

— Dans toutes les armées, répondit le Trappeur, il y a des traîneurs et des bouches inutiles. — L’ami, il est nécessaire de tuer cet âne.

— Tuer asinus ! ce serait un acte de cruauté surérogatoire.

— Je n’entends pas vos grands mots dont le sens n’est que du son pour moi ; mais une cruauté, ce serait de sacrifier des chrétiens à une brute. C’est ce que j’appelle la raison de merci. Autant vaudrait sonner de la trompette, que de laisser cet animal braire