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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/291

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reux si leurs âmes ne sont pas en ce moment sur le chemin qui conduit au ciel des Indiens.

— Il pouvait employer le même expédiant que vous, dit Middleton tandis qu’ils s’approchaient lentement de l’endroit où était le second cheval.

— Je n’en sais rien. Tous les sauvages ne sont pas munis d’un briquet ou d’un fusil aussi bien que mon vieil ami que voici. Il faut longtemps pour allumer du feu avec deux morceaux de bois, et l’on n’en a guère pour réfléchir et pour prendre un parti en pareille occasion, comme vous pouvez le voir par cette bande de flamme que le vent fait avancer là-bas, comme si c’était une traînée de poudres. Il n’y a que quelques minutes que le feu a passé par ici, et nous ferions bien de regarder à nos amorces, non que je désire combattre les Tetons, à Dieu ne plaise ! mais enfin, s’il le fallait, il nous est toujours avantageux de pouvoir tirer le premier coup.

— Quelle étrange bête est-ce donc là, vieux Trappeur ? dit Paul en tirant la bride, ou, pour mieux dire, la longe de sa monture, pour s’arrêter près des restes du second animal, tandis que ses compagnons, pressés d’avancer, continuaient à marcher ; vous appelez cela un cheval ; je ne lui vois ni tête ni sabots.

— Le feu a fait sa besogne, répondit le vieillard, dont les yeux n’étaient occupés qu’à percer à travers la moindre ouverture que le vent pratiquait dans la fumée. Il ne lui faudrait pas longtemps pour cuire un buffle tout casser, et pour réduire en cendres ses cornes et ses sabots. Eh bien ! mon vieil Hector ! fi donc ! fi ! Quand au jeune chien du capitaine, il n’est pas étonnant qu’il prouve son manque d’expérience, et je puis dire aussi, j’espère, sans offenser son maître, son manque d’éducation ; mais pour un chien comme vous, qui avez vécu si longtemps dans les forêts avant de venir dans ses plaines, il est honteux de montrer les dents et de gronder devant la carcasse d’un cheval mort, comme si vous vouliez m’avertir que vous sentez la piste d’un ours.

— Je vous dis, Trappeur, que ce n’est point un cheval ; ce n’en est pas le cuir, et il n’a ni tête ni sabots.

— Comment dites-vous ? ce n’est point un cheval ? Vos yeux sont bons pour suivre une abeille et pour distinguer un arbre creux, mon garçon ; mais… Oh ! il a raison, sur ma foi ! — Que j’aie pris la peau d’un buffle, toute grillée qu’elle est, pour la peau d’un cheval ! Hélas ! j’ai vu le temps où je vous aurais dit