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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/323

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Mahtoree va parler par la bouche de son très-cher ami et père. Un jeune Visage Pâle écoutera, lorsqu’un vieillard de sa nation ouvrira la bouche. Mon père arrangera pour une oreille blanche ce que va dire un pauvre Indien.

— Parlez, dit le Trappeur qui comprenait aisément les métaphores employées par le Teton, pour le prier de lui servir d’interprète, et de traduire ses paroles en anglais ; parlez, mes jeunes gens écoutent. Voici le moment, capitaine, et vous aussi, l’ami chasseur d’abeilles, de vous préparer à entendre les diableries de ce sauvage avec la fermeté qui convient à des guerriers blancs. Si vous sentez votre cœur défaillir un peu par suite de ses menaces, tournez un instant les yeux sur ce noble Pawnie, dont le temps est mesuré d’une main aussi avare que celle du marchand qui, dans les villes, distribue les fruits du Seigneur pouce à pouce, pour satisfaire son avarice. Un seul regard jeté sur ce brave jeune homme suffira pour vous donner du courage

— Mon frère se trompe de chemin, dit Mahtoree d’un ton de douceur qui prouvait avec quel soin il voulait éviter de blesser celui dont il avait besoin pour interprète.

— Le Dahcotah ne veut-il pas parler à mes jeunes amis ?

— Après avoir parlé à l’oreille de la fleur des Visages Pâles.

— Que le Seigneur pardonne à ce damné coquin ! s*écria le vieillard en anglais. Il n’est point de créature si douce, si jeune, si innocente, qui puisse échapper à ses infâmes désirs. Mais de gros mots et de froids regards ne serviraient à rien. Il sera donc sage de lui parler avec mesure — Que Mahtoree ouvre la bouche.

— Mon père voudrait-il parler tout haut pour que les femmes et les enfants entendent la sagesse d’un chef ? Non ; nous entrerons dans la loge, et nous lui parlerons à l’oreille.

En disant ces mots, le Teton fit un geste expressif pour lui montrer une tente où était peinte en vives couleurs l’histoire d’un de ses exploits les plus hardis et les plus célèbres, et qui était dressée à quelque distance des autres, comme pour montrer que c’était la résidence d’un guerrier hors de ligne. La lance et le carquois, placés à l’entrée, étaient plus richement ornés que ceux des autres Indiens ; et la haute distinction d’un fusil attestait d’une manière non équivoque l’importance de celui qui l’habitait. Sous les autres rapports, on y voyait des traces de pauvreté plutôt que d’opulence. Les ustensiles de ménage étaient en plus petit nombre et d’une forme plus commune que ceux qu’on voyait