Aller au contenu

Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/328

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’attachement, la fidélité de la jeune Indienne avaient perdu le pouvoir de lui plaire. Cependant le teint de Tachechana, sans être aussi éblouissant que celui de sa rivale, avait quelque chose de frais et de transparent qu’on trouve rarement dans une Indienne. Son œil, d’un brun clair, avait la douceur et l’enjouement de celui de la gazelle ; le son de sa voix, l’expression de sa figure annonçaient la gaieté de son caractère.

De toutes les jeunes filles sioux, Tachechana (la jeune Biche) était la plus enjouée et la plus jolie. Son père avait été un guerrier célèbre, et ses frères avaient déjà laissé leurs os sur le sentier épineux de la guerre. Innombrables étaient les guerriers qui avaient envoyé des présents à sa tente, mais aucun n’avait été écouté jusqu’au moment où le messager du grand Mahtoree était venu. Elle était sa troisième femme, il est vrai, mais elle était la plus favorisée de toutes. Leur bonheur n’avait encore duré que deux courts printemps, et le fruit de leur union dormait alors à ses pieds, entouré, suivant l’usage, de bandes de peaux et d’écorces, qui forment les langes d’un enfant indien.

Au moment où Mahtoree et le Trappeur arrivèrent à l’entrée de la tente, la jeune femme était assise sur un simple tabouret ; ses yeux se portaient alternativement sur l’enfant endormi et sur ces êtres privilégiés qui avaient rempli sa jeune âme sans expérience d’une si vive admiration ; et leur expression, variant ainsi que les émotions qui l’agitaient, peignait tour à tour la tendresse maternelle et l’étonnement le plus profond. Quoique Inez et Hélène eussent déjà passé un jour entier auprès d’elle, on eût dit que chaque nouveau regard ne faisait qu’ajouter encore à sa curiosité. Elle les regardait comme des êtres d’une nature entièrement différente des femmes de la Prairie. La complication mystérieuse de leur toilette n’était pas sans influence sur la jeune Indienne ; mais c’était surtout cette grâce, ces charmes de leur sexe, auxquels la nature a rendu tous les hommes si sensibles, qui attiraient le plus son admiration.

Tandis que son innocente ingénuité se plaisait à reconnaître la supériorité des étrangères sur les jeunes filles dahcotahs, elle ne voyait aucune raison de s’en alarmer. La visite qu’elle était au moment de recevoir était la première que son mari fît à la tente depuis son retour de l’expédition qui avait eu pour lui des résultats si importants, et il était toujours présent à ses pensées, comme un guerrier intrépide qui ne rougissait pas, dans ses moments