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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/353

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quait la haine implacable qu’il portait au seul chef dont la renommée pût être avantageusement comparée à la sienne. Quoique trompé dans son attente en voyant qu’il n’avait pu réussir à irriter l’orgueil de son ennemi, il se disposa, ce qu’il regardait comme bien plus important, à exciter le ressentiment des guerriers de sa tribu, pour les préparer à seconder ses projets cruels.

— Si la terre, dit-il, était couverte de rats, qui ne sont bons à rien, il ne resterait point de place pour les buffles, qui fournissent de la nourriture et des vêtements à un Indien. Si les Prairies étaient couvertes de Pawnies, il n’y aurait point de place pour le pied d’un Dahcotah. Un Loup est un rat, un Sioux est un grand buffle ; que les buffles marchent sur les rats et les écrasent pour se faire place ! — Mes frères, un enfant vous a parlé, il vous a dit que ses cheveux ne sont point gris, mais qu’ils sont gelés ; il a ajouté que l’herbe ne croît pas là où un Visage-Pâle a été tué ! Qu’en sait-il ? connaît-il la couleur du sang d’un Long-Couteau ? Non ; je sais qu’il ne la connaît pas, il ne l’a jamais vue. Quel Dahcotah, autre que Mahtoree, a jamais frappé un Visage-Pâle ? Aucun. Mais Mahtoree doit se taire, tous les Tetons ferment les oreilles quand il parle. Les chevelures qui sont sur sa tente ont été prises par les femmes ; c’est Mahtoree qui les a prises, et il est une femme. Sa bouche est fermée, il attend les fêtes pour chanter au milieu des filles.

Malgré les exclamations de regrets et d’indignation qui suivirent un discours si humiliant, Mahtoree s’assit à sa place, comme s’il était décidé à n’en pas dire davantage ; mais voyant les murmures augmenter de plus en plus, et craignant que, dans la confusion générale, le conseil ne vint à se dissoudre sans qu’il eût été possible de rien décider, il se leva et reprit la parole, mais sur un ton tout différent de la première fois : c’étaient les accents fiers et énergiques d’un guerrier qui ne respire que vengeance.

— Que mes jeunes guerriers cherchent où est Teato ? s’écria-t-il ; ils trouveront sa chevelure qui sèche au foyer d’un Pawnie. Où est le fils de Borechina ? ses os sont plus blancs que le visage de ses meurtriers. Mahhah est-il endormi dans sa tente ? vous savez qu’il y a plusieurs lunes qu’il est parti pour les Prairies bienheureuses ; plût au ciel qu’il fût ici pour nous dire de quelle couleur était la main qui a enlevé sa chevelure !

Le chef artificieux continua sur ce ton pendant assez longtemps, appelant à haute voix tous les guerriers qui avaient trouvé