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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/384

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caché par les arbres qu’il est le premier. Non, Teton, son bras ne sera jamais levé contre l’étranger.

— Eh bien ! meurs donc les matins vides ! s’écria Mahtoree ; et tendant son arc avec autant de force que de promptitude, il décocha une flèche droit contre la poitrine nue de son généreux et trop confiant ennemi.

L’action du perfide Teton avait été trop rapide et trop bien combinée pour que le Pawnie pût y opposer les moyens ordinaires de défense. Son bouclier était encore suspendu à son épaule, que déjà la flèche, détachée adroitement du carquois, était dans le creux de la main qui tenait l’arc. Mais son prompt regard avait eu le temps de voir le mouvement, et ses pensées, plus promptes encore, ne l’abandonnèrent point. Tirant à lui de toutes ses forces la bride de son cheval, il le fit se dresser sur ses pieds de derrière, se pencha en même temps sur sa selle, et le noble animal servit de bouclier à son maître contre le danger. Telle avait été cependant la justesse du coup d’œil qui avait dirigé la flèche, telle avait été la force du bras qui l’avait lancée, qu’elle entra dans le cou du cheval, et traversant la peau, sortit de l’autre côté.

Plus prompt que la pensée, Cœur-Dur Lui envoya la réponse. La flèche transperça le bouclier du Teton, mais ne toucha pas à sa personne. Pendant quelques moments, le son aigu de l’arc et le sifflement des flèches se firent entendre sans interruption, quoique les combattants fussent obligés de donner une si grande partie de leur attention à la défense. Les carquois furent bientôt épuisés, et quoique le sang eût coulé, ce n’était pas en assez grande abondance pour diminuer la fureur du combat.

Ce fut alors que commença une suite d’évolutions rapides et vraiment admirables. Il fallait voir l’adresse avec laquelle les cavaliers maniaient leurs coursiers, courant l’un sur l’autre, puis se retirant à l’instant, décrivant mille cercles dans leur attaque soudaine ainsi que dans leur retraite non moins prompte, comme l’hirondelle qui rase la terre en tournant. La lance frappait des coups terribles, le sable volait dans l’air ; telle était la violence du choc que chaque fois il semblait impossible d’y résister, et cependant chaque guerrier n’en restait pas moins ferme sur sa selle, et n’en tenait pas la bride d’une main moins-assurée.

À la fin le Teton fut obligé de se jeter à bas de son coursier pour éviter un coup qui, autrement, lui eût été fatal. Le Pawnie passa sa lance à travers le corps de l’animal, et, lançant son cheval au