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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 7, 1839.djvu/405

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tenir cette affaire secrète, j’en parlai le moins possible, c’est-à-dire pas du tout.

— Et qui a consommé ce crime ? demanda Middleton.

— Consommé ! si vous entendez par là celui qui a fait le coup, ce fut cet homme que vous voyez ; et à la honte de notre race, celui qu’il a tué était de sa famille et de son sang.

— Il ment ! il ment ! s’écria Abiram, je ne l’ai point assassiné, je n’ai fait que lui rendre coup pour coup.

La voix d’Ismaël se fit entendre ; elle avait quelque chose de lugubre et même de solennel qui fit tressaillir tous ceux qui l’entouraient.

— C’en est assez, dit-il. Relâchez le vieillard, enfants, et mettez à sa place le frère de votre mère.

— Ne me touchez pas ! s’écria Abiram, où j’appelle la malédiction de Dieu sur vous.

L’expression farouche et égarée de son regard fit reculer un moment les jeunes gens ; mais lorsque Abner, plus âgé et plus déterminé que ses frères, s’élança sur lui paraissant ne respirer que vengeance, le criminel effrayé se détourna, fit de vains efforts pour fuir, et tomba la face contre terre, ayant toutes les apparences de la mort. Au milieu des exclamations d’horreur qui s’élevèrent de toutes parts, Ismaël fit signe à ses fils d’emporter dans une des tentes le corps d’Abiram.

— Maintenant, dit-il en se tournant vers ceux qui étaient étrangers dans son camp, tout est dit entre nous, que chacun prenne sa route. Je vous souhaite du bonheur à tous ; et vous, Hélène, quoique vous n’attachiez peut-être aucun prix à un souhait sorti de ma bouche, je vous dirai : — Que le Seigneur veille sur vous !

Middleton, saisi d’une sorte de crainte respectueuse en voyant ce qu’il regardait comme un jugement de Dieu, ne fit plus de résistance et se prépara au départ. Les arrangements furent courts et bientôt terminés. Dès qu’ils furent tous prêts, ils prirent en silence congé du squatter et de sa famille, et bientôt on vit cette petite troupe, composée d’éléments si hétérogènes et si singulièrement rassemblés, suivre lentement le Pawnie victorieux qui les conduisait à ses villages éloignés.