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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/137

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ner et causer ensemble sur la grande route, vous êtes en si mauvaise odeur en ce moment auprès de ces dames, que je serais perdu de réputation dans leur esprit.

— Il peut y avoir de la raison à cela. Hâtez-vous donc de me rejoindre, car elles parlent de s’embarquer bientôt. Il n’y a pas une minute à perdre.

— Il n’y a pas de danger qu’elles prennent le large si promptement, dit le vieillard en levant une main au-dessus de sa tête pour juger du vent ; il n’y a pas encore assez d’air pour rafraîchir les joues brûlantes de cette jeune beauté, et soyez-en bien sûr, le signal ne leur sera donné que lorsque la brise de mer aura commencé à se faire sentir.

Wilder lui fit ses adieux d’un signe de main et suivit d’un pas léger la route qui venait de lui être indiquée, en réfléchissant à l’expression figurée que les charmes de la jeune et fraîche Gertrude avaient inspirée à un homme aussi vieux et aussi grossier que son nouvel allié. Son compagnon le suivit un instant d’un air satisfait et avec quelque chose d’ironique dans le regard ; après quoi il doubla aussi le pas, afin d’arriver au lieu du rendez-vous en temps convenable.


CHAPITRE X.


« Avertissez-le de ne pas employer d’expressions gaillardes. »
ShakspeareContes d’hiver.


En approchant de la taverne qui avait pour enseigne l’Ancre Dérapée, Wilder vit tous les symptômes de quelque forte agitation dans le sein de la ville jusque alors si tranquille. Plus de la moitié des femmes, et environ le quart de tous les hommes qui en demeuraient à une distance raisonnable, étaient rassemblés devant la porte, écoutant un orateur du sexe féminin, qui déclamait d’un ton si aigre et si perçant, que les auditeurs curieux et attentifs qui