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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/161

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— Je m’inquiète fort peu du nom, pourvu que j’obtienne confiance et autorité.

— Un jeune homme fort sensé ! murmura le prudent commerçant, un jeune homme qui sait faire une distinction entre l’ombre et la substance ! Cependant, avec autant de bon sens et de connaissances que vous en avez, vous devez savoir que le salaire est toujours proportionné au titre. — Si j’agissais pour moi-même en cette affaire, cela changerait matériellement l’état des choses ; mais n’étant que l’agent d’un autre, mon devoir est de consulter les intérêts de mon commettant.

— Le salaire n’entre pour rien dans mes calculs, s’écria Wilder avec un empressement qui aurait pu le trahir, si celui à qui il avait affaire n’eût eu l’esprit occupé des moyens de s’assurer ses services au meilleur marché possible, avec une attention dont il permettait rarement à quoi que ce pût être de le distraire, quand il s’agissait d’un objet aussi noble que l’économie. — Je ne demande que de l’emploi, ajouta Wilder.

— Et vous en aurez, et vous ne vous trouverez pas la main trop serrée en traitant avec nous. Vous ne pouvez vous attendre à une avance d’argent pour un voyage qui ne sera que d’un mois, ni à placer une pacotille à votre profit sur le bâtiment, puisqu’il est déjà plein jusqu’aux écoutilles ; ni à un salaire très considérable, puisque nous vous prenons principalement pour obliger un si digne jeune homme, et pour faire honneur à la recommandation d’une maison aussi respectable que celle des Spriggs, Boggs et Tweed ; mais vous nous trouverez libéraux, excessivement libéraux. Un instant : comment pouvons-nous savoir que vous êtes véritablement l’individu mentionné dans la lettre d’envoi, — je veux dire de recommandation ?

— Le fait que je suis porteur de cette lettre n’en est-il pas une preuve ?

— Ce pourrait en être une dans un autre temps, si le royaume n’était pas désolé par la guerre. On aurait dû joindre à cette lettre un signalement de votre personne, comme un état des marchandises accompagne une lettre d’avis. Comme nous courons un certain risque à cet égard en vous prenant à notre service, vous ne devez pas être surpris que le taux de votre salaire se ressente un peu de cette circonstance. Nous sommes généreux ; je ne crois pas qu’il y ait dans les colonies une maison qui paie plus libérale-