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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/376

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ratifs plus sérieux qu’à l’ordinaire. Le Corsaire lui-même avait disparu, mais il ne tarda pas à se montrer de nouveau sur la poupe, équipé pour le combat qui semblait approcher, et occupé, comme toujours, à étudier la force et les évolutions de son antagoniste. Ceux qui le connaissaient le mieux disaient que la grande question n’était pas encore décidée ; et leurs regards avides se dirigeaient sur leur chef, comme pour pénétrer le mystère dont il lui plaisait d’envelopper ses desseins. Il avait jeté le bonnet de marin, et ses beaux cheveux flottaient au gré du vent sur un front qui semblait formé pour donner naissance à des pensées beaucoup plus nobles que celles qui paraissaient avoir occupé sa vie, tandis qu’une espèce de casque en cuir était déposé à ses pieds. Dès l’instant qu’il mettait ce casque, c’était le signal que le moment du combat était arrivé ; mais jusqu’alors rien n’annonçait qu’il se préparât à le donner.

Pendant ce temps, chaque officier avait examiné l’état de sa division, et était venu faire son rapport. Alors, par une sorte de permission tacite de leur chef, le calme solennel qui avait régné jusqu’alors dans l’équipage cessa jusqu’à un certain point, et il s’établit à voix basse des conversations animées, la politique du chef permettant cette infraction aux règles ordinaires de vaisseaux plus réguliers, pour s’accommoder au caractère de ses compagnons, et pour leur laisser le temps de s’animer mutuellement, puisque de leurs dispositions et de leur courage dépendait si souvent le succès de ses entreprises désespérées.


CHAPITRE XXVII.


« Je ne reviens pas de ma surprise de le voir si frétillant et si parfumé ; — il parle comme une demoiselle de compagnie. »
ShakspeareLe roi Henri VI.


L’intérêt du moment était vif et pressant. Tous ceux qui exerçaient quelque autorité sur le vaisseau avaient examiné si tout