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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 8, 1839.djvu/91

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Le même garçon jeune et actif qui avait déjà paru au premier appel accourut de la cabine de dessous, et annonça sa présence comme la première fois.

— Roderick, continua le Corsaire, voici mon futur lieutenant, et par conséquent votre officier et mon ami. Voulez-vous prendre quelque chose, monsieur ? Il n’est presque rien qu’on puisse désirer, que Roderick ne soit à même de fournir.

— Je vous remercie, je n’ai besoin de rien.

— Alors, ayez la bonté de le suivre en bas. Il vous conduira dans la grande salle, et vous donnera notre code écrit. Dans une heure vous en aurez achevé la lecture, et alors je vous rejoindrai. — Éclairez mieux l’échelle, Roderick, quoique vous sachiez très-bien descendre sans échelle, monsieur Wilder, à ce qu’il paraît, ou je n’aurais pas en ce moment le plaisir de vous voir.

Le Corsaire sourit d’un air d’intelligence ; mais Wilder ne parut pas se rappeler avec la même satisfaction la position embarrassante où il avait été laissé dans la tour, et loin de répondre à ce sourire, sa physionomie s’était singulièrement rembrunie au moment où il se préparait à suivre son guide, qui était déjà au milieu de l’escalier, une lumière à la main. Le premier s’en aperçut, et, s’avançant d’un pas, il dit aussitôt avec autant de grâce que de dignité :

— Monsieur Wilder, je vous dois des excuses pour la manière un peu cavalière dont je me suis séparé de vous sur la colline. Quoique je vous crusse à moi, je n’étais pourtant pas sûr de mon acquisition ; vous comprenez sans peine combien il était essentiel pour un homme dans ma position de se débarrasser d’un compagnon dans un pareil moment.

Wilder se retourna vers lui, et, avec un air d’où toute trace de déplaisir était effacée, il lui fit signe de n’en pas dire davantage.

— Il était assez désagréable, sans doute, de se trouver ainsi emprisonné ; mais je sens la justesse de ce que vous dites, et j’en aurais fait autant moi-même en pareil cas, si j’avais eu la même présence d’esprit.

— Le bonhomme qui moud du blé dans ces ruines doit faire mal ses affaires, puisque tous les rats abandonnent son moulin, s’écria gaîment le Corsaire, tandis que son compagnon descendait l’escalier. Pour cette fois, Wilder lui rendit son sourire franc