Aller au contenu

Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas cette opinion ; mais ayant, comme tous les autres, saisi son fusil, il était aussi incertain que ses compagnons sur la conduite qu’il devait suivre. On ne peut prévoir combien cette indécision eût duré, si un nouveau signal ne se fût fait entendre. Celui qui était dehors paraissait trop impatient pour attendre. La conque résonna de nouveau avec plus de succès que la première fois. Le son fut plus prolongé et plus franc que celui qui l’avait précédé ; il retentit dans les airs, et l’on pouvait juger que celui qui venait d’appliquer la conque à ses lèvres était habitué à se servir de cet instrument.

Content eût peut-être désobéi à un ordre de son père s’il n’avait point été conforme à ses intentions ; mais une seconde pensée lui montra la nécessité d’une prompte décision, et il était sur le point de dire à Ében Dudley et à Reuben Ring de le suivre, lorsque le Puritain l’engagea à s’occuper de cette affaire. Content, faisant signe aux autres serviteurs de rester en place, s’arma d’un fusil, qui avait été plus d’une fois éprouvé dans la journée, et il prit le chemin de la poterne.

— Qui se présente à ma porte ? demanda Content lorsqu’il eut atteint avec ses serviteurs une position qui se trouvait protégée par un petit monticule de terre élevé à dessein de dominer l’entrée ; qui appelle une paisible famille à cette heure de la nuit hors de sa demeure ?

— Celui qui a besoin de ce qu’il demande, sans quoi il ne troublerait pas ta tranquillité. Ouvre la poterne, maître Heathcote, ouvre sans crainte ; c’est un frère en religion et un sujet des mêmes lois qui te demande cette faveur.

— Il y a réellement un chrétien dehors, dit Content, se pressant d’atteindre la poterne, qu’il ouvrit sans hésiter un instant. — Entrez par la miséricorde de Dieu, et soyez le bienvenu.

Un homme de haute taille, enveloppé dans un manteau de voyage, et dont la démarche semblait pesante, salua pour remercier Content de son hospitalité, et aussitôt passa le seuil de la porte. Tous les regards étaient dirigés sur l’étranger, qui, après avoir gravi l’élévation, s’arrêta à quelque distance, tandis que les serviteurs, sous l’inspection de leur maître, fermaient la poterne avec soin. Lorsque les verrous furent tirés, Content rejoignit son hôte ; et, après avoir essayé en vain, à la faible lueur des étoiles, d’examiner sa personne, il lui dit avec sa douceur et sa tranquillité ordinaires :