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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/144

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prudence à ne montrer aucun signe de faiblesse ou d’intérêt dans cette scène touchante.

— Ma mère, murmura l’enfant étonnée, pourquoi ne le laisserions-nous pas retourner dans la forêt ? Je n’aime pas à…

— Ce n’est pas le temps de parler. Va dans la chambre secrète, mon enfant, et souvenez-vous toutes les deux des prières que vous devez adresser à Dieu et de la prudence que je vous ai recommandée. Allez, et que le ciel protège vos têtes innocentes !

Ruth s’arrêta de nouveau ; son visage se pencha une seconde fois sur celui de sa fille, et fut couvert des boucles de ses cheveux. Après un moment d’éloquent silence, lorsque Ruth releva la tête, une larme brillait sur la joue de sa fille. Cette dernière avait reçu le baiser avec la légèreté d’un être imprévoyant ; mais lorsqu’on la conduisit dans les appartements supérieurs, ses regards ne quittèrent le jeune Indien que lorsque les murailles le dérobèrent à sa vue.

— Tu t’es montrée réfléchie et semblable à toi-même, ma bonne Ruth, dit Content en entrant dans l’appartement, et contemplant avec une tendre approbation le calme de sa femme. Les jeunes gens n’ont pas été plus prompts à courir à la rencontre des ennemis et aux fortifications, que tes servantes à se rendre où le devoir les appelait. Tout est de nouveau tranquille au dehors, et nous venons plutôt pour nous consulter que dans le dessein d’aller nous battre.

— Faut-il faire avertir notre père, qui est à son poste dans la forteresse, près de la pièce d’artillerie ?

— Cela n’est pas nécessaire, répondit l’étranger ; le temps presse. Ce calme sera bientôt suivi d’une tempête que tous nos efforts ne pourront apaiser. Amenez-moi le captif.

Content fit signe au jeune Indien de s’approcher. Lorsqu’il fut à portée de sa main, il le plaça devant l’étranger.

— Je ne connais ni ton nom ni le nom de ta tribu, dit ce dernier après un moment de silence, pendant lequel il semblait étudier attentivement les traits du jeune captif ; mais je suis certain, quoique l’esprit malin puisse s’efforcer de maîtriser ton esprit, que la noblesse des sentiments n’est point étrangère à ton cœur. Parle, as-tu quelque chose à dire du danger qui menace cette famille ? J’en ai appris beaucoup cette nuit par tes manières ; mais pour être clairement compris, il est temps que tu t’exprimes par des paroles.