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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/150

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portions de terrain qui se trouvaient plus en arrière. Outre la couverture des toits et la massive charpente des bâtiments, une cloison intérieure en bois protégeait ce lieu contre la plupart des dangers alors connus dans les guerres du pays. Pendant les premières années des enfants, cet appartement avait été leur chambre à coucher ; il ne fut abandonné que lorsque les bâtiments extérieurs, qui augmentèrent avec le temps autour du principal corps de logis, enhardirent la famille à se tenir pendant la nuit dans des appartements plus commodes, et qu’on ne croyait pas moins assurés contre toute surprise.

— Je sais que tu connais les obligations d’un guerrier, dit Ruth en conduisant le jeune Indien devant ses enfants ; tu ne me tromperas pas : la vie de ces êtres si chers est sous ta garde, veille sur eux, Miantonimoh, et le Dieu des chrétiens ne t’abandonnera pas dans les heures de danger !

Le jeune Indien ne répondit pas, mais la mère de famille prit pour gage de sa foi la douce expression qu’elle voyait sur son visage. Avec la délicatesse de ceux de sa race, il se retira à l’écart, afin que ceux qui étaient unis par des liens si tendres pussent se livrer sans contrainte à toute leur émotion. Ruth s’approcha de sa fille, et toute l’affection d’une mère brilla dans ses yeux.

— Je t’ordonne encore une fois, dit-elle, de ne point regarder avec trop de curiosité l’affreux combat qui peut avoir lieu vers la façade de notre habitation. Les païens sont réellement parmi nous avec des projets sanguinaires. Les jeunes et les vieux doivent maintenant montrer leur confiance dans la protection de notre maître, et le courage qui convient à des croyants.

— Et pourquoi, ma mère, demanda l’enfant, cherchent-ils à nous faire du mal ? leur en avons-nous jamais fait ?

— Je ne puis le dire. Celui qui a créé le monde nous l’a donné pour en jouir ; et la raison semblerait nous apprendre que si quelques parties de sa surface sont vides, celui qui en a réellement besoin peut les occuper.

— Le sauvage ! murmura l’enfant en se cachant le visage sur le sein de sa mère, ses yeux brillent comme l’étoile qui est suspendue au-dessus des arbres.

— Paix ! ma fille ! sa fierté s’imagine que sa race est injuriée.

— Sûrement, nous avons le droit d être ici ; j’ai entendu dire à mon père que lorsque le Seigneur me déposa pour la première fois