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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/153

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— Hors d’ici, bavard ! tu causerais volontiers toute la nuit sous prétexte d’une écorchure, tandis que les sauvages sont à nos portes. Madame rendra un joli compte de tes actions, lorsque les autres jeunes gens auront repoussé les Indiens, et que tu te seras amusé au milieu des bâtiments !

Le pauvre Dudley était sur le point de maudire dans son cœur l’humeur versatile de sa maîtresse, lorsqu’un regard jeté sur lui à la dérobée lui apprit que des oreilles étrangères au sujet qu’ils traitaient allaient entendre leur conversation. Saisissant l’arme qu’il avait posée contre les murs de la forteresse, il passa près de la maîtresse de la maison, et quelques minutes après le bruit de sa voix et celui de son fusil se firent entendre au milieu du bruit général.

— A-t-il apporté des nouvelles des palissades ? répéta Ruth, trop contente de voir le jeune homme retourner à son poste pour arrêter sa course ; que dit-il de l’attaque ?

— Les sauvages ont souffert de leur témérité, et ont fait peu de mal à nos gens. Excepté cette masse d’homme qui s’est imaginé de placer son bras devant le passage d’une flèche, je crois que personne n’est blessé.

— Écoute ! ils se retirent ; les hurlements s’éloignent, et nos jeunes gens l’emporteront ! Va remplir ton devoir parmi les piles de bois, et prends garde qu’aucun espion ne se cache. Le Seigneur a eu pitié de nous dans sa miséricorde, et il est possible que ce malheur s’éloigne de nous.

L’oreille de Ruth ne l’avait pas trompée. Le tumulte de l’assaut reculait graduellement ; et bien que le feu des armes et le bruit que répétaient les échos de la forêt ne fussent pas moins fréquents, il était évident que le moment critique de l’attaque était déjà passé. Aux efforts que les sauvages venaient de faire pour emporter la place d’assaut succédèrent des moyens plus méthodiques, qui, bien moins effrayants en apparence, étaient peut-être plus favorables à leurs succès. Ruth profita d’un moment où les traits cessaient d’être lancés pour chercher ceux au sort desquels elle prenait un si vif intérêt.

— Aucun autre que le brave Dudley a-t-il été blessé dans l’attaque ? demanda l’épouse alarmée en passant rapidement auprès d’un groupe d’hommes aux visages noircis qui se consultaient sur le sommet de l’éminence ; quelqu’un a-t-il besoin des soins que la main d’une femme peut donner ? Heathcote n’est pas blessé !!!