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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/166

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dit le souvenir de son projet, et les yeux remplis de larmes, elle restait près de son mari, spectatrice effrayée des progrès de l’incendie.

— Un soldat ne doit point prodiguer ses paroles en plaintes inutiles, dit l’étranger en croisant ses bras comme un homme convaincu que les efforts humains n’étaient plus d’aucun secours. Sans cela, j’aurais dit qu’il est dommage que ceux qui ont tracé cette ligne de fortification ne se soient pas souvenus de l’utilité d’un fossé.

— Je vais ordonner aux filles de se rendre aux puits, dit Ruth.

— Cela ne nous servirait de rien ; les flèches les atteindraient ; et bientôt aucun mortel ne pourra supporter la chaleur de cette fournaise. Vois-tu comme le bois fume déjà et se noircit ?

L’étranger parlait encore lorsqu’une petite flamme tournoyant parut à l’un des angles des palissades, près des piles de bois enflammées. L’élément perfide glissa en traçant un sillon sur les bords du bois, et bientôt s’étendit sur toute la surface des palissades, depuis la base jusqu’à l’extrémité. Il sembla que C’était le signal d’une destruction générale ; la flamme brilla au même instant dans cinquante endroits différents, et toute la ligne des fortifications qui avoisinaient le foyer de l’incendie devint la proie des flammes. Un cri de triomphe s’éleva dans les champs, et une grêle de flèches tomba au milieu des palissades, annonçant l’impatience de ceux qui surveillaient le progrès du feu.

— Il faut nous retirer dans la forteresse, dit Content. Assemble tes servantes, Ruth, et fais de prompts préparatifs pour notre dernière retraite.

— J’y vais ; mais ne hasarde pas ta vie inutilement en essayant d’éteindre les flammes. Il nous reste encore le temps de faire tout ce qui est nécessaire à notre sûreté.

— Je n’en sais rien, dit étranger ; l’assaut recommence sous un nouvel aspect.

Les pieds de Ruth restèrent fixés sur la terre, lorsque, levant les yeux, elle vit ce qui avait causé cette remarque. Un point brillant, parti du milieu des champs, décrivit un demi-cercle dans l’air, passa sur la tête des assiégés, et tomba sur les bâtiments qui formaient une partie du carré de la cour intérieure. C’était une flèche lancée par un arc éloigné ; la route qu’elle décrivait était suivie d’une longue ligne de feu qui ressemblait à un brillant météore. Cette flèche enflammée avait été lancée avec une grande