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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/169

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suivre ses avantages. Des hurlements affreux proclamèrent l’arrivée des assaillants, et une décharge générale, partie des meurtrières, annonçait à ceux qui étaient restés dans la cour que l’attaque se portait dans le centre même des fortifications. Tous les jeunes gens avaient couru à leur poste, excepté ceux qui avaient été chargés de rendre au mort un triste et dernier devoir ; ils étaient en trop petit nombre pour qu’il fût prudent de résister ouvertement, et trop nombreux pour songer à abandonner la mère au désespoir et son enfant sans tenter au moins un effort.

— Entrez, dit Content en montrant la porte de la citadelle ; c’est mon devoir de partager le sort de ceux auxquels je suis lié par le sang.

L’étranger ne fit aucune réponse ; mais, plaçant sa main vigoureuse sur l’époux auquel l’excès de la douleur ôtait les forces, il le poussa par un effort irrésistible jusque dans la citadelle, et fit signe à tous ceux qui restaient de venir rejoindre leur maître. Lorsque le dernier d’entre eux fut passé, il ordonna que les portes fussent fermées, se croyant seul en dehors ; mais un regard rapide lui découvrit qu’il restait encore quelqu’un contemplant avec effroi le cadavre : il était trop tard pour réparer cet oubli. Des cris épouvantables se faisaient alors entendre au milieu de la fumée épaisse qui s’élevait des bâtiments enflammés, et il était évident qu’une bien courte distance les séparait de leurs ennemis. Ordonnant à celui qui n’avait point été admis dans la forteresse de le suivre, le soldat courut au principal bâtiment, qui avait jusque-là peu souffert des flammes ; guidé plutôt par le hasard que par aucune connaissance des détours de la maison, il se trouva bientôt dans les appartements. Il ne sut alors de quel côté avancer ; mais son compagnon, qui n’était autre que Whittal Ring, prit les devants, et le conduisit à la porte de la chambre secrète.

— Chut ! dit l’étranger en levant la main pour commander le silence au moment où il entrait dans l’appartement ; tout notre espoir est dans le mystère.

— Et comment pourrons-nous échapper sans être aperçus ? dit Ruth, montrant autour d’elle tous les objets éclairés par une lumière assez forte pour pénétrer par toutes les crevasses de l’édifice. Le soleil n’est guère plus brillant que cet horrible incendie.