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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/246

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si maltraité. Pendant le printemps, leurs incursions devinrent encore plus fréquentes, et les apparences du danger augmentèrent au point d’exiger qu’on appelât de nouveau les colons aux armes. Le messager qu’on a vu arriver dans le chapitre précédent était chargé d’ordres urgents qui avaient rapport aux événements de cette guerre, et c’était pour les communiquer au chef de la force militaire de la vallée, qu’il lui avait demandé une audience secrète.

— Tu vas avoir à t’occuper d’affaires importantes, capitaine Heathcote, dit le voyageur fatigué, quand il se trouva seul avec Content. Les ordres de Son Honneur sont qu’on n’épargne ni le fouet ni l’éperon jusqu’à ce qu’on ait averti les principaux chefs des habitants des frontières de la situation actuelle de la colonie. — Il s’est donc passé quelque événement important, puisque Son Honneur juge à propos qu’on exerce une vigilance extraordinaire ? Nous avions espéré que les prières des âmes pieuses n’avaient pas été inutiles, et que la tranquillité allait succéder pour quelque temps à ces actes de violence dont nous avons été malheureusement les spectateurs involontaires, liés comme nous l’étions par nos pactes sociaux. La scène sanguinaire qui a eu lieu à Pettyquamscott nous a donné beaucoup à penser ; elle a même fait naître des doutes sur la légitimité de quelques-unes de nos mesures.

— Tu as un esprit de miséricorde très-louable, capitaine Heathcote, ou ta mémoire te rappellerait d’autres scènes que celles qui ont rapport à la punition d’un ennemi si implacable. On dit sur les bords de la rivière que la vallée de Wish-ton-Wish a été envahie par les sauvages il n’y a pas bien des années, et l’on parle des maux cruels qu’ont éprouvés les habitants en cette fatale occasion.

— On ne peut nier la vérité, quand même il devrait en résulter du bien. Il est vrai que l’attaque dont tu parles nous a fait cruellement souffrir, moi et les miens ; mais nous nous sommes efforcés de la considérer comme un châtiment miséricordieux infligé par le ciel pour nous punir de tous nos péchés, plutôt que comme un acte de violence dont nous devions conserver le souvenir pour exciter des passions que la raison et la charité nous ordonnent de subjuguer autant que le peut la faiblesse humaine.

— Cela est fort bien, capitaine Heathcote, et parfaitement d’accord avec la doctrine la plus approuvée, répondit le messager