Aller au contenu

Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/269

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

situation critique de tout ce qui leur était cher, les hommes du village montrèrent une soumission plus prompte et plus efficace qu’on n’en rencontre ordinairement dans des soldats auxquels les habitudes de la discipline ne sont pas familières. Les combattants se séparèrent aussitôt en trois corps composés chacun d’un peu plus de vingt hommes. L’un d’eux, commandé par Ében Dudley, s’avança d’un pas rapide vers les prairies, sur les derrières de la forteresse, afin de repousser le corps hurlant de sauvages qui menaçait déjà de couper la retraite des femmes et des enfants ; un autre prit une direction presque opposée, traversant la rue du hameau, dans le dessein d’arrêter la marche de ceux qui s’avançaient par l’entrée méridionale de la vallée ; le troisième et dernier, aussi dévoué que les deux autres, resta stationnaire en attendant des ordres définitifs.

Au moment où la première de ces petites divisions fut prête à se mettre en marche, le ministre parut à sa tête ; on voyait sur son visage une grande confiance spirituelle dans les desseins de la Providence, singulièrement mêlée à quelque ostentation de courage temporel. D’une main il portait la Bible, qu’il élevait comme l’étendard sacré de sa troupe, de l’autre il brandissait une courte et large épée, de manière à prouver qu’il ne serait pas sans danger de rencontrer sa lame. Le volume était ouvert, et par intervalles le ministre lisait d’une voix haute les passages qui frappaient accidentellement ses yeux ; les feuilles volaient avec une rapidité qui produisait un remarquable mélange de doctrines et de sensations ; mais à ces légères incongruités morales le pasteur et ses paroissiens étaient également indifférents, leurs exercices spirituels et subtils ayant donné à leur esprit une grande tendance à concilier ensemble les choses contradictoires, ainsi bien qu’a rapporter les doctrines les plus obscures aux plus simples intérêts de la vie.

— Les Israëlites et les Philistins s’étaient mis en bataille armée contre armée, dit Meek au moment où la troupe qu’il commandait commençait à avancer. Puis lisant de nouveau après un court intervalle, il continua : — Écoutez, je vais faire une chose dans Israël au récit de laquelle les deux oreilles de ceux qui m’écoutent seront ébranlées… — Ô maison d’Aaron ! mets ta confiance dans le Seigneur, il est ton secours et ton bouclier. — Délivrez-moi, Ô Seigneur ! de l’homme méchant ; préservez-moi de l’homme violent. — Que des charbons ardents tombent sur eux ; qu’ils