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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/281

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rapprochèrent de la maison dans l’intention de se fier à la célérité de leur course lorsqu’ils se seraient retirés de la foule. Mais dans ce moment fatal, lorsque leur espérance était sur le point de se réaliser, un chef se fit jour à travers l’horrible mêlée, cherchant de chaque côté quelque victime pour la hache qu’il brandissait dans les airs. Une foule de sauvages inférieurs en rang se pressa derrière lui, et un coup d’œil apprit aux colons que le moment décisif était venu.

À la vue d’un si grand nombre de leurs ennemis abhorrés, vivant encore, et capables de supporter de telles souffrances, un cri d’indignation en même temps que de triomphe s’échappa des lèvres des Indiens. Leur chef seul, comme un être supérieur aux émotions du reste de sa suite, s’approcha en silence. Au moment où cette bande s’ouvrait pour entourer les victimes, le hasard amena le jeune chef face à face devant Mark. Comme son ennemi, le guerrier indien était encore dans tout l’éclat et toute la vigueur de la jeunesse. Les deux antagonistes avaient la même taille, la même agilité ; et, comme les sauvages qui suivaient le chef se jetèrent sur l’étranger et sur Content, sachant bien que celui qui les commandait n’avait pas besoin de secours, il y avait toute apparence que cette lutte serait sanglante. Mais bien qu’aucun combattant ne montrât aucun désir d’éviter ce dernier effort, aucun n’était pressé de frapper les premiers coups. Un peintre, ou plutôt un sculpteur eût saisi les attitudes de ces deux jeunes guerriers pour une des plus belles productions de son art.

Mark, comme la plupart de ses amis, avait jeté de côté tout vêtement superflu avant d’approcher de la scène du combat. La partie supérieure de son corps n’était couverte que d’une chemise, et même ce dernier voile avait été en partie arraché dans le tumulte de l’action. Sa large poitrine était nue, exposant à la vue la blancheur de la peau et les veines bleues de celui dont les ancêtres avaient pris naissance du côté du soleil levant. Tout son corps reposait sur une jambe qui lui donnait l’attitude du défi, tandis que l’autre était jetée en avant comme une sentinelle pour surveiller les mouvements de l’ennemi. Ses bras étaient rejetés en arrière, une main placée sur le canon du fusil qui menaçait d’une mort certaine le téméraire qui s’approcherait de lui. Sa tête, couverte de cheveux courts et bouclés, et dont la couleur blonde appartenait à la race saxonne, était un peu avancée au-dessus de l’épaule gauche, et semblait placée de manière à soutenir l’équi-