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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/301

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heureusement délivré des griffes du trompeur. Il est vrai que moi et les miens nous courûmes un grand danger dans cette tour, et qu’aux yeux des sauvages qui nous entouraient nous semblions consumés par les flammes ; mais le Seigneur nous donna la pensée de chercher un refuge là où le feu ne pouvait nous atteindre. Il fit de ce puits l’instrument de notre sûreté, afin de remplir ses desseins impénétrables.

Les auditeurs, malgré leurs habitudes rusées et la subtilité de leur esprit, écoutèrent cette simple explication de ce qu’ils avaient regardé comme un miracle, avec une surprise qu’ils eussent vainement voulu cacher. L’admiration d’un tel artifice fut évidemment leur première émotion ; ils ne donnèrent pas à un tel fait une entière croyance, jusqu’à ce qu’ils se fussent assurés par eux-mêmes qu’on ne les avait pas trompés ; la petite porte de fer, qui avait donné accès dans le puits pour les usages domestiques de la famille, était encore là, et ce ne fut que lorsque les deux chefs eurent examiné la profondeur du pilier qu’ils parurent persuadés de la possibilité de cette action. Alors une expression de triomphe brilla sur le sombre visage de Philippe, tandis que les traits de son compagnon exprimaient en même temps la satisfaction et le regret. Ils s’écartèrent un peu des captifs, réfléchissant l’un et l’autre sur ce qu’ils venaient de voir et d’entendre, et lorsqu’ils parlèrent, ce fut de nouveau dans le langage de leur race.

— Mon fils a une langue qui ne peut mentir, observa Metacom d’une voix douce et flatteuse. Ce qu’il a vu il le dit, et ce qu’il dit est vrai ; Conanchet n’est pas un enfant, mais un chef dont la sagesse a des cheveux gris, bien que ses membres soient jeunes. Maintenant, pourquoi mon peuple ne prendrait-il pas les crânes de ces Yengeeses, afin qu’ils ne puissent plus se cacher dans les trous de la terre, comme de rusés renards ?

— Le sachem à une pensée de sang, répondit le jeune chef avec une vivacité qui n’était point ordinaire aux hommes de son rang ; que les armes des guerriers se reposent jusqu’à ce qu’elles rencontrent les mains armées des Yengeeses, ou elles se trouveraient trop fatiguées de frapper ; mes hommes tout pris des chevelures depuis que le soleil se montre au-dessus des nuages, et ils sont satisfaits. Pourquoi Metacom a-t-il un regard aussi sévère ? Qu’est-ce que mon père voit ?

— Un point sombre au milieu d’une immense plaine ; l’herbe