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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/322

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soigneusement enveloppé dans des bandes de wampum enrichies de perles. Plaçant doucement le paquet près du vieillard (car le temps avait blanchi les cheveux du solitaire), il dit d’une voix basse, en montrant avec expression le petit paquet :

— Le messager ne s’en retournera pas les mains vides. Mon père est sage, il dira ce qui est bien.

Il y eut peu de temps pour une plus longue explication. À peine la porte de la hutte s’était-elle fermée sur Conanchet, que le jeune Mark Heathcote parut vers le point où le sentier tournait autour de l’angle du précipice.

— Vous savez ce qui s’est passé dans la journée, et vous me permettrez de ne point m’arrêter, dit le jeune homme en plaçant des provisions aux pieds de celui qu’il était venu chercher. Ah ! qu’as-tu ici ? As-tu gagné cela dans le combat de ce matin ?

— C’est un don qui m’a été fait librement. Porte-le dans la maison de ton père ; il a été laissé ici dans cette intention. Maintenant, parle-moi des ravages que la mort a produits parmi notre peuple ; car tu sais que la nécessité m’a conduit en ces lieux aussitôt que la liberté me fut accordée.

Mark ne montra aucune envie d’acquiescer aux désirs de son compagnon. Il regardait le paquet qu’avait laissé Conanchet comme si ses yeux n’avaient jamais rencontré d’objet semblable. Des passions diverses et contradictoires agitaient son front, qui était rarement d’une tranquillité en harmonie avec les habitudes de l’époque et du pays.

— Cela sera fait, Narragansett, dit-il avec une colère concentrée ; cela sera fait. Puis, se détournant, il disparut avec une rapidité qui n’était pas sans danger dans un lieu d’un accès si difficile.

Le solitaire se leva et alla chercher celui qui s’était réfugié dans son humble demeure.

— Viens, dit-il en ouvrant la porte étroite pour laisser passer le chef ; le jeune homme est parti en emportant le paquet dont tu m’avais chargé, et tu es seul maintenant avec ton ancien compagnon.

Conanchet reparut ; mais l’expression de son visage était moins animée que lorsqu’il était entré dans la petite hutte. En s’avançant lentement vers la pierre qu’il avait occupée quelques instants auparavant, il s’arrêta pour jeter un regard de mélancolique regret sur la place où il avait déposé le petit paquet. Mais bientôt, maîtrisant sa tristesse, il reprit son siège d’un air grave, et ne