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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/67

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La clef de la porte basse était encore accrochée dans l’endroit où elle avait été mise. Content plaça l’échelle et monta rapidement à l’appartement où il avait enfermé le prisonnier. Cette chambre était la plus basse des trois que contenait le bâtiment, les autres étant au-dessus de celle qu’on pouvait appeler les fondements de l’édifice. La dernière, qui n’avait d’autre ouverture que sa porte, était une pièce sombre, hexagone, et en partie remplie des objets dont on pouvait avoir besoin en cas d’attaque imprévue, et qui en même temps servaient souvent à des usages domestiques. Au milieu de cette pièce était un puits profond, protégé par un mur en pierre, et construit de manière à ce qu’il pût fournir de l’eau aux chambres situées au-dessus. La porte était d’un bois massif. Les soliveaux carrés des étages supérieurs s’avançaient un peu au-delà des fondations en pierre ; le second rang des boiseries contenait quelques ouvertures à travers lesquelles on pouvait faire une décharge de mousqueterie sur les assaillants qui s’approcheraient assez près pour donner des inquiétudes sur la sûreté de la partie inférieure. Comme on l’a déjà dit, les deux principaux étages étaient percés par d’étroites ouvertures, qui avaient le double but de servir de fenêtres et de meurtrières. Quoique ces appartements fussent évidemment consacrés à la défense du fort, l’ameublement simple qu’ils contenaient était calculé pour les besoins de la famille, si elle eût été obligée de se réfugier dans ce bâtiment. Il y avait un appartement sous le toit, ou mansarde, mais qui n’avait point une destination aussi importante que les autres pièces de la forteresse. Cependant l’avantage de sa situation élevée n’était pas méprisé. Un petit canon, de ceux qui étaient jadis connus sous le nom de sauterelles, avait été placé dans ce lieu, et dans les premiers temps on l’avait justement considéré comme de la dernière importance pour la sûreté des habitants de la plantation. Pendant quelques années les aborigènes errants qui visitaient la vallée avaient pu apercevoir la bouche de ce canon sortant d’une des ouvertures, qui depuis avait été convertie en fenêtre vitrée ; et il n’y a pas de doute que la réputation que cette petite pièce d’artillerie obtint sans se faire entendre n’ait protégé pendant si longtemps la tranquillité de la vallée.

Le mot tranquillité n’est peut-être pas très-juste, car plus d’une fois des alarmes avaient eu lieu, quoique aucun acte positif de violence n’eût été commis en deçà des limites que le Puritain