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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 9, 1839.djvu/91

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de son émotion, et tandis qu’elle redoublait de vivacité pour accomplir sa tâche.

— Hum ! j’espère qu’on se souvient aussi bien de quelques autres de mes leçons. Mais tu es prompte à apprendre, Foi ; il est facile de s’en apercevoir par la rapidité avec laquelle tu as pris l’habitude de discourir avec un homme à la langue légère, comme ce réprouvé d’outre-mer.

— J’espère qu’écouter poliment n’est pas une preuve qu’une jeune fille habituée jusqu’ici à la modestie tienne des discours inconvenants, Ében Dudley. Tu as souvent dit qu’il était du devoir de celle à qui l’on parlait de prêter l’oreille, de crainte qu’on ne croie qu’elle a l’esprit dédaigneux, et qu’elle ne soit renommée plutôt pour son orgueil que pour sa bonté.

— Je vois que tu gardes mes leçons dans ton souvenir plus que je ne pensais. Ainsi, tu n’écoutes si volontiers, Foi, que parce qu’une jeune fille ne doit pas être dédaigneuse ?

— Tu l’as dit ; et quels que soient mes défauts, tu n’as pas le droit de compter le dédain dans le nombre.

— Si je le fais, puissé-je… Ében Dudley se mordit les lèvres et réprima une expression qui eût été une grave offense pour une jeune fille dont les habitudes vertueuses étaient aussi sévères que celles de Foi. — Tu dois avoir entendu bien des choses profitables aujourd’hui, ajouta-t-il, en considérant la facilité avec laquelle tu prêtes l’oreille, et le nombre des occasions.

— Je ne sais ce que tu veux dire par le nombre des occasions, répondit la jeune fille en se penchant davantage encore afin de cacher la rougeur dont sa conscience l’avertissait, et qui couvrait ses joues.

— Je voulais dire que l’histoire devait être longue, lorsqu’on avait besoin de quatre entretiens particuliers pour la terminer.

— Quatre ! aussi vrai que je crois être une fille sincère dans mes paroles et dans mes actions, c’est seulement la troisième fois que l’étranger m’a parlé depuis le lever du soleil.

— Si je connais le nombre des doigts de ma main, c’est la quatrième.

— Mais comment peux-tu, Ében Dudley, toi qui as été aux champs depuis le lever de l’aurore, savoir ce qui s’est passé dans les environs de la maison ? Il est certain que la jalousie ou quelque autre vilaine passion te fait parler avec colère.