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Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t3, 1888.djvu/212

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Réveiller d’un baiser votre enfant étonné,
Que l’autre dans ses bras porte son nouveau-né,
Et que, se laissant choir sur un banc, par trop lasse,
Jetant un œil navré sur l’omnibus qui passe,
Elle ne peut gagner la maison du faubourg :
Car la route est trop longue et l’enfant est trop lourd !

Oh ! si chacun faisait tout ce qu’il pourrait faire !…

Un jour, sur ce vieux seuil connu de la misère,
Une femme parut de qui la pauvreté
Semblait s’adresser là pour l’hospitalité ;
On allait faire entrer la visiteuse pâle,
Quand celle-ci, tirant de dessous son vieux châle
Des vêtements d’enfant arrangés avec soin,
Dit :
        — Mon petit est mort et n’en a plus besoin…
Ce souvenir m’est cher, mais il est inutile.
Partagez ces effets aux bébés de l’asile…
Car mon ange aime mieux… mon cœur du moins le croit…
Que d’autres aient bien chaud, pendant qu’il a si froid !

Noble femme apportant le denier de la veuve,
Mère qui te souviens d’autrui dans ton épreuve,