Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t4, 1909.djvu/100

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Mais un instinct involontaire
Retint le geste commencé ;
Elle jeta la gerbe à terre…
Et le cercueil avait passé.

O fille qui vis dans la honte,
J’aurais voulu qu’on remarquât
Et que la foule te tînt compte
De ton scrupule délicat.

Car tu gardais sous tes souillures
Un coin de cœur chaste et décent.
Tes fleurs t’ont semblé trop impures
Pour le cercueil d’un innocent.

Avec une pensée amère,
Tu repris le bouquet offert,
Songeant, sans doute, que la mère
De l’indigne hommage eût souffert !

Plus que bien des vertus suspectes,
J’aime ton simple et triste effort,
O créature qui respectes
L’enfance jusque dans la mort ;