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Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t4, 1909.djvu/115

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Sans tristesse cet être humain, ayant une âme,
Et qui porte à son cou quelque sotte réclame,
Quelque absurde tableau peint de rouge et de bleu,
Sur lequel se répand sa barbe de Bon-Dieu.

Le vieux m’intéressant, j’ai fait sa connaissance.

L’autre été, le hasard me mit en sa présence,
Un soir que je flânais vers le soleil tombant.
Mon homme était assis, triste et seul, sur un banc
Du sinistre et lépreux boulevard de Grenelle,
Et se reposait là de sa marche éternelle,
Sans doute, avant d’aller dormir dans son taudis.
Aux mots compatissants que d’abord je lui dis,
Un regard offensé brilla dans son œil jaune
Et sa main repoussa d’avance mon aumône.
Mais je sus adoucir cet orgueil en haillons.

« Un petit gloria, ça s’accepte, voyons ?…
Ce cabaret avec jardin, c’est notre affaire. »

Il consentit, et, dès le second petit verre,
L’Homme-Affiche était plein de confiance en moi.
Il est intelligent, le brave père Éloi.
C’est un Parisien, c’est un vieux philosophe,