Aller au contenu

Page:Coppée - Œuvres complètes, Poésies, t4, 1909.djvu/74

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Et, par un beau soir de maraude,
Cette cigarière, à Cadix,
A voilé, pour une nuit chaude,
La madone de son taudis.

Voici l’abbesse en robe noire,
Qui, dès que le méchant eut fui,
Les lèvres sur un Christ d’ivoire,
Est morte en priant Dieu pour lui ;

Et voilà, non moins malheureuse
Victime du Trompeur errant,
Cette courtisane amoureuse
Qui le caressait en pleurant.

Ainsi Don Juan, dans les fumées,
Voit paraître et fuir tour à tour
Ces femmes qu’il n’a point aimées,
Et pourtant qu’il navra d’amour.

Sur l’égoïste au cœur de roche
Tous les fantômes, en passant,
Jettent un regard de reproche
Encor tendre et reconnaissant.