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Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t1, 1892.djvu/21

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étagère servant de bibliothèque, sur laquelle des livres classiques et des dictionnaires reliés en toile se serraient auprès d’un certain nombre de volumes dorés sur tranche, témoignages des succès obtenus par Gabriel au collège et au grand concours. A la tête du lit était appendu le portrait de M"’ Fontaine, un de ces anciens daguerréotypes sur métal, qu’on ne peut regarder en pleine lumière sans être aveuglé.

Ce cabinet était encore plus pauvre et plus triste que le reste du logement ; mais il suffisait d’en ouvrir la fenêtre pour avoir devant soi une vue merveilleuse. Lorsque, par une claire matinée, l’habitant de cette chambre haute s’accoudait à sa croisée, il pouvait contempler un des plus sublimes spectacles de ce Paris dont la beauté comme paysage n’a pas été encore assez exaltée par les écrivains et les poètes. D’un regard circulaire il embrassait tout le cours de la Seine, les quais et les ponts fourmillants de monde, les monuments émergeant des toits. A droite, tout près, la masse imposante de Notre-Dame ; devant lui, les tourelles du Palais de Justice et le clocheton d’or de la Sainte-Chapelle ; et là-bas, à gauche, à travers la brume des matins d’été, au delà de la courbe gra-