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Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t1, 1892.djvu/245

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La soupe au café le matin, le pot-au-feu à midi et un rata tous les soirs. Les vivres de campagne, enfin. Ça me connaît. »

Décidément, il était tenté. En sortant, il vit justement la maîtresse de maison, grosse paysanne brutale, et la petite invalide, qui, toutes deux, la fourche à la main, remuaient le fumier dans la cour.

« Sait-elle coudre, savonner, faire la soupe ? demanda-t-il brusquement.

— Qui ? Pierrette ? Pourquoi donc ?

— Sait-elle un peu de tout cela ?

— Dame ! elle sort de l’hospice, où l’on apprend à se servir soi-même.

— Dis-moi, fillette, ajouta le capitaine en s’adressant à l’enfant, je ne te fais pas peur. Non, n’est-ce pas ? Et vous, la mère, voulez-vous me la céder ? J’ai besoin d’une domestique.

— Si vous vous chargez de son entretien.

— Alors, c’est dit. Voilà vingt francs. Qu’elle ait, ce soir, une robe et un soulier. Demain nous arrangerons le reste. »

Et, après avoir donné une petite tape amicale sur la joue de Pierrette, le capitaine s’éloigna, enchanté de ce qu’il venait de conclure.