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Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t1, 1892.djvu/26

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II


Cédant à la loi qui rapproche les extrêmes, Gabriel avait pour ami plus particulièrement intime un étudiant en médecine de première année, avec qui il avait fait ses études et dont la nature était absolument le contraire de la sienne.

Il s’appelait Marius Cazaban et était natif de Valence-d’Agen. Petit, trapu, roulant des yeux enflammés, il était déjà barbu jusqu’aux yeux et paraissait avoir trente-cinq ans, quoiqu’il fût à peine majeur, par ce singulier privilège des Méridionaux qui jamais n’ont l’air jeune, c’est vrai, mais chez qui, par compensation, les signes de la vieillesse ne se manifestent que très tard. Toujours coiffé d’un feutre mou, il se distinguait par des foulards rouges et des vestons trop courts, et sa