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Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t1, 1892.djvu/287

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fonds de culottes ! et, à quatre heures, à la sortie de l’école des Frères de la rue Vanneau, la rue grouille de moutards. J’ai fini par les connaître, à force de passer là, par m’intéresser à eux, par leur sourire. Pour eux non plus je ne suis pas un inconnu, et souvent il me faut interrompre ma rêverie et répondre à un « Bonjour, m’sieu » que me lance une gamine en bonnet rond ou un jeune drôle en pantalon trop large. À la Fête-Dieu, quand ils établissent des petites chapelles devant les portes, avec une serviette blanche, une bonne Vierge en plâtre, trois roses dans un verre et deux petits chandeliers en plomb, ils me poursuivent en secouant une soucoupe où ma pièce de deux sous sonne joyeusement. Enfin ils me traitent en voisin, en ami, moi, le passant absorbé et inoffensif. Par les jours de septembre où il fait du vent, les galopins écartent devant moi la ficelle de leur cerf-volant, et, les soirs d’été, la petite fille qui saute en demandant « du vinaigre » s’arrête pour me laisser enjamber la corde.

C’est ainsi que j’ai remarqué la petite boiteuse. – Il y a bien longtemps de cela, je venais de m’installer dans le quartier et elle pouvait avoir alors huit ou dix ans. – Ce n’était pas elle, hélas ! qui