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Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t1, 1892.djvu/289

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petite noce ; et le savetier radical, qui fumait sa pipe sur le seuil de sa boutique, pouvait bien hausser les épaules et murmurer entre ses dents : « Ah ! malheur ! » la rue n’en avait pas moins son air des dimanches. Eh ! là-bas, la petite blanchisseuse, qui courez en portant sur vos deux mains une chemise d’homme empesée comme une cuirasse, dépêchez-vous ! La pratique a fini de se raser devant le miroir attaché à l’espagnolette de la croisée, et l’on s’impatiente. Il y a de la presse aussi chez le pâtissier de la rue de Sèvres : dès hier soir, on commandait des godiveaux, et la fruitière du n° 9 est en train de faire une scène, parce qu’on a oublié son nougat. Chez le perruquier, par exemple, – la boutique peinte en bleu, où le plat à barbe en cuivre frissonne au vent printanier, – ça empeste encore le cheveu brûlé, mais l’ouvrage est fini depuis longtemps ; toute la marmaille était frisée dès sept heures du matin. Maintenant, c’est une affaire bâclée, on revient de l’église, et le monde se met aux fenêtres pour voir passer les communiants.

Superbes, les garçons, avec la veste neuve et le brassard de satin à franges d’or, excepté Victor pourtant, le fils de l’ébéniste, qui vient d’attraper une paire de calottes. (Aussi quelle idée de laisser