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Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t1, 1892.djvu/51

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dans la dernière confusion ; à ce point qu’en saluant une dernière fois, il faillit rouler dans les ténèbres de l’escalier.

Mais à peine fut-il dans la rue qu’une joie immense l’envahit, à la pensée qu’il allait revoir Eugénie. Il se félicita d’être allé chez Mme Henry comme d’une action héroïque. La tête haute, le pas allègre et relevé, il revint en traversant le Luxembourg, tout poudreux et tout échauffé d’une torride journée de canicule.

Sous les beaux platanes de la fontaine Médicis, dans cette allée où les bonnes et les mamans tirent l’aiguille, groupées au pied des arbres, ayant sous les yeux des enfants accroupis qui jouent avec le sable, il rencontra Cazaban, sombre et le chapeau sur les yeux.

Gabriel était plein d’une sympathie universelle. Il serra les mains de l’homme du Midi et s’informa, avec un intérêt attendri, de la cause de sa tristesse. « Tu me le demandes ? dit Cazaban avec impatience. Ah ! c’est vrai, tu n’es pas un citoyen, toi. Tu n’as donc pas vu la dépêche ?… et le petit qui a ramassé une balle… Ah ! c’est que si Badingue remporte la victoire, animal, sa dynastie est fondée, c’est fichu ! »