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Page:Coppée - Œuvres complètes, Prose, t1, 1892.djvu/54

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vreuse du moment où il se trouvait, et il était force de s’avouer que, pas un instant, il n’avait songé au sort de notre armée. Il eut honte d’entendre une femme lui donner, sans le savoir, cette leçon de patriotisme, et, silencieusement adossé à la balustrade de la fenêtre ouverte, il resta quelque temps la tête à demi tournée, et regardant les obliques rayons du couchant dorer le dôme de l’Observatoire et les cimes des arbres qu’on voyait de l’autre côté de la rue, dépassant le grand mur.

Mais, tout à coup, la porte s’ouvrit et Eugénie, exactement habillée comme le soir qu’il l’avait vue pour la première fois, entra dans la chambre.

En reconnaissant Gabriel, elle s’arrêta, tout interdite.

« Ah ! la voilà donc, ma chérie ! s’écria Mme Henry en embrassant la jeune femme et en la débarrassant de son chapeau et de son mantelet. Eh bien, Eugénie, j’espère que je vous ai réservé une surprise. Vous le reconnaissez ? C’est notre petit monsieur de l’autre fois... N’est-ce pas qu’il est gentil ? »

Puis, exagérant, d’une manière bouffonne, les gestes arrondis et le sourire ultra-gracieux d’une femme du monde qui fait une présentation, elle ajouta :