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Page:Corancez - De J. J. Rousseau, 1798.djvu/34

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trouvez ou du plaiſir, ou de l’inſtruction, ne devez-vous pas lui en ſavoir gré ? paſſez, ſans mot dire, ce que vous rencontrez qui vous déplaît.

Il ne parloit que très-rarement de ſes ouvrages, & jamais le premier. Je ne lui vis mettre de chaleur à leur occaſion qu’en regrettant la perte volontaire qu’il fit, dans une circonſtance qui trouvera ſa place dans mon récit, du manuſcrit d’une nouvelle édition d’Émile. Il y avoit fait entrer une partie des idées qu’il n’avoit pu mettre dans la première, à cauſe de leur abondance, dont alors ſon imagination, me dit il, étoit ſurchargée. Sans les rejeter, il les avoit écrites ſur des cartes qu’il réſervoit pour une nouvelle édition. Elle contenoit auſſi le parallèle de l’éducation publique & de l’éducation particulière ; morceau qu’il me diſoit être eſſentiel au traité de l’éducation, & qui manque à Émile. Il étoit quelquefois, ſur ſon propre compte, d’une ingénuité qui, en me cauſant de la ſurpriſe, me jetoit dans le raviſſement. Il me dit un jour, qu’après avoir publié ſon diſcours ſur les ſciences, &c., Mme Dupin de Francueil, chez laquelle il demeuroit, lui parloit un ſoir, au coin du feu, de l’effet qu’avoit produit cet ouvrage ; mais, dites-moi donc, M. Rouſſeau,