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Page:Corancez - De J. J. Rousseau, 1798.djvu/43

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l’ait abandonnée pour la langue françaiſe, qui, en tout point lui réſiſte, uniquement pour vaincre une difficulté. Ne voyez-vous pas que j’ai avancé qu’il étoit impoſſible de faire de bonne muſique ſur la langue françaiſe, & qu’il n’a pris ce parti que pour me donner un démenti. C’eſt d’après ces obſervations, qu’il regardoit comme une démonſtration, qu’il s’est permis de l’éloigner de chez lui.

Il me demande un jour le prix des pois à la halle ; je n’en ſavois rien. Il fit la même queſtion à quelqu’un qui entra & qui le lui dit. Eh bien, me dit-il, voyez la profondeur des machinations de mes ennemis, ils emploient, pour me cerner de toutes parts, plus d’idées qu’il n’en faudroit pour gouverner l’Europe ; je ne paie, moi, les petits pois que tant ; expliquez-moi, ſi vous le pouvez, cette préférence.

On donna le Devin du village, qui, depuis très-long-temps, n’avoit pas été repréſenté. Je vais le lendemain chez lui, & croyant le flatter, je lui rends compte des applaudiſſemens qu’il a reçus, & de l’enthousiasme avec lequel il a été écouté. Je vois un homme qui rougit de colère. Ne ſe laſſeront-ils point, me dit-il, de me perſécuter. Je ne pouvois comprendre pourquoi des applaudiſſemens