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Page:Corbière - Le Négrier.djvu/18

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seul aux flots que je voulais apprendre à maîtriser. Assis derrière une mauvaise embarcation, la barre sous le bras, bordant une misaine en lambeaux, je rangeais les vaisseaux de ligne mouillés sur rade, en fumant de mon mieux un cigare détestable qui me soulevait le cœur. C’est dans ces momens que, m’abandonnant à la destinée que je me croyais promise, je rêvais avec ivresse, au bruit des vagues qui me berçaient, le jour où je pourrais affronter des tempêtes, les dompter ou périr au milieu d’elles.

Ces petites luttes, que mon inexpérience livrait aux lames et aux vents de la rade de Brest, sont les seuls