Aller au contenu

Page:Corbière - Le Négrier.djvu/268

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

enchantait ma chaude imagination. Je ne saurais dire combien j’admirais ces extravagances. Je ne rêvais qu’au temps où je pourrais aussi, à mon tour, remplir toute une ville du bruit de mes excès. Je faisais de mon mieux déjà pour imiter la tournure et les manières de ces capitaines à la figure bronzée, aux gestes saccadés, qui, en petite veste ronde et en chapeau de cuir bouilli, se présentaient respectés et sans changer de ton, chez les premiers négocians comme chez le dernier cabaretier. Oh ! combien ces hommes intrépides et simples, brusques et généreux, me semblaient supérieurs à tous ceux qu’ils enrichissaient et qui s’humiliaient devant eux avec leurs